Notes : Comment ne pas sombrer dans la folie lorsqu’on est entouré de bombes, de ruines et de cadavres ? Quelque part en Afghanistan ou ailleurs, en pleine guerre civile, une femme prend soin de son mari, qui, une balle dans la nuque, se retrouve dans un état végétatif. Elle souffre, dans cet ailleurs, de toute la souffrance du monde, dans l’attente de rien. Pour meubler cet espace dénudé, aucun dialogue : à l’aide de phrases courtes, nominales et répétitives, Atiq Rahimi livre sa ‘Syngué sabour’, sa pierre de patience, objet défoulatoire, qui selon la croyance, finit par éclater en délivrant quiconque lui confie ses secrets. Ce récit se lit d’une traite, malgré un malaise croissant de plus en plus insupportable. Car les gestes machinaux de la femme soignante cèdent la place à un flot de paroles intarissable. Un long monologue s’installe, dans lequel la pierre de patience prend les traits du mari plongé dans le coma. Le femme peut enfin, malgré les bombes et les rafales, se laisser aller, libérer les frustrations, les ressentiments et les secrets de toute une vie.